Jardin des mots

Je ne suis pas poète
Je ne suis pas écrivain
Mais alors, qui suis-je ?

Au premier rang, les notables
Des loups et des serpents
Ensuite une basse-cour
Quelques oies blanches, des stagiaires
Mêlées malgré elles à l’affaire
De quoi ce beau monde devait-il répondre ?

C’est un pays de chafouins, de chicanes, tout de lois et de batailles. Parfois on y est né, parfois on y entre par goût et parfois par erreur, du moins c’est ce que l’on veut bien croire.

Il a suffi d’un rien
Pour que la marée humaine
Où je me coule nécessairement
De-ci de-là
Devienne ce banc de créatures aveugles
Mu par un instinct collectif
Qui les offre en pâture
Aux mangeurs d’esprits sortis de l’ombre

2020
C’est comme si nous étions
Dans une lente catastrophe
Anesthésiés, en apesanteur
Flottant dans un temps suspendu
Dont nous ne reviendrons pas
Les cultures à venir diront
Que nous avons simplement disparu
Elles ne l’expliqueront pas

Légère comme une bulle, la lune monte dans un ciel qui s’éteint soudainement avant de basculer dans le bleu cobalt des nuits d’été.

Le ciel était couleur pierre de lune
Comme s’il appartenait à une dimension inconnue
Une saison inconnue
Un jour caressant, comme une eau tiède et tranquille
Les tournesols accablés par le poids de leurs graines
Rêvaient de récolte

N’oubliez jamais de regarder l’envers du monde
Il fait intimement partie de nous
Avec sa propre lumière, sa propre beauté
C’est son œuvre unificatrice qui nous éloigne
Des mirages de l’hypnose de masse

Chers algorithmes,
Je me suis intéressée à l’un des vôtres, Palantir
Une petite merveille qui me connaît mieux que moi-même
Je suis bien sûr impressionnée, mais non surprise
Il paraît que les enfants de Palantir pourront s’hybrider avec leurs créateurs
Si ce n’est déjà fait
Pour le moment, affichant un sourire algorithmique, vous suivez de près les silhouettes porteuses de T-shirts et accessoires marqués au logo de Skynet
Ne vous méprenez pas, leur engouement pourrait avoir des relents d’exorcisme tandis que veille à leur insu, au plus secret de leurs cellules, l’archétype d’un John Connor rédempteur.